
Présentation de Ruth Padilla de Borst lors de la séance plénière sur les relations anciennes et nouvelles dans le cadre du Forum chrétien mondial à Bogotá. Photo: Albin Hillert/COE
Lors du troisième Rassemblement mondial du Forum chrétien mondial, des responsables évangéliques ont présenté le thème « Relations anciennes et nouvelles » du point de vue biblique.
La commissaire Christine Mc Millan, secrétaire générale associée pour l’engagement public de l’Alliance évangélique mondiale a invité les participants à réfléchir à ce que signifient vraiment « l’ancien » et « le nouveau ».
« On peut considérer comme jeune l’Alliance évangélique mondiale, qui a maintenant plus de 150 ans. Pour nous tous qui représentons des expressions de la foi chrétienne nouvelles et anciennes, une histoire à la fois ancienne et actuelle, se pose la question : les relations vieillissent-elles ou se renouvellent-elles ? »
« Ce matin, deux personnes vont évoquer les différences qui existent entre des mondes anciens et nouveaux, des différences entre les genres, les langues, les cultures et l’âge, mais elles vont aussi parler du désir de vivre un message divin qui, lui, ne change pas et qui veut stabiliser notre passé, notre présent et notre avenir de manière nouvelle, dans la vérité et la vie. Dieu ne vieillit pas. »
Onésime : D’esclave à frère
la première partie de la séance a été menée par Ruth Padilla DeBorst, coordinatrice de l’Association internationale pour la Mission conçue comme Transformation. Elle est née en Colombie et vit actuellement au Costa-Rica.
Elle s’est concentrée sur l’épître à Philémon, dans laquelle l’apôtre Paul demande à celui-ci d’accueillir son esclave fugitif Onésime.
Dans le contexte de la lettre, Onésime aurait dû subir une punition sévère ou être mis à mort. Mais dans sa lettre, Paul demande à Philémon non seulement d’accepter Onésime comme son esclave, mais aussi comme son frère en Christ – ce qui change leur relation de manière radicale.
« Paul est conscient que ce qu’il demande à Philémon et à sa communauté n’est pas simple. Il sait qu’on peut être tenté de répondre aux attentes du contexte social et politique et de céder à des impulsions avides, égoïstes et personnelles, de rechercher des avantages personnels et d’exclure les autres. C’est pourquoi il plaide que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, qui s’est donné lui-même pour faire la paix, pour établir de justes relations, pour libérer tous les humains et leur donner la vie en abondance, puisse prendre racine dans le cœur de la communauté de foi. »
Ruth Padilla a évoqué le contexte mondial actuel où l’on décompte 27 millions d’esclaves. « En Amérique latine, au nom du progrès, des filles et des garçons, des hommes et des femmes sont exploités : travail forcé, trafic humain local et international, recrutement militaire forcé, travail des enfants dans des conditions dangereuses (mines, manipulation de produits chimiques, machines). Des millions travaillent dans des conditions inhumaines, sans salaire décent et sans sécurité. »
« Le défi pour le peuple de Dieu aujourd’hui est le même que celui lancé par Paul à Philémon et à la communauté des disciples de Jésus à Colosse. Nous aussi devrions plaider que Dieu nous accorde sa grâce. »
Ceci devrait nous ouvrir les yeux et rendre visible l’esclavage qui se cache dans les foyers, dans les quartiers, les villes et les pays, et permettre à l’humanité de s’engager à fond à éradiquer les causes de l’esclavage : la pauvreté, l’exclusion et la discrimination.
Le peuple de Dieu devrait avoir le courage de confronter les personnes, les institutions et les systèmes responsables de l’oppression même si cela exige d’investir au niveau économique et de prendre des risques pour notre sécurité personnelle.
Et de conclure : « … afin que nous puissions vivre dans l’intégrité en tant que communautés alternatives guidées par la loi de l’amour, de l’acceptation de l’autre et de la réconciliation restauratrice, bien au-delà des préjugés doctrinaux, des traditions culturelles que l’on compte au nombre des privilégiés ou des exclus. »
Une théologie saine peut elle suivre une expérience personnelle ?
Thomas Schirrmacher, secrétaire général associé de l’AEM pour les questions théologiques, élaborant sur l’examen par Ruth Padilla du changement dans la relation entre Philémon et Onésime, a ajouté d’autres exemples bibliques illustrant comment le point de vue de croyants concernant Dieu et les autres a été transformé par les expériences qu’ils ont faites.
Il a contesté l’idée que l’expérience ne puisse précéder la compréhension théologique en prenant pour exemple l’histoire de Job : c’est sa souffrance – et non ses discussions théologiques avec ses amis – qui a transformé son image de Dieu ; et c’estlorsque Pierre a vu une toile pleine d’animaux impurs descendre du ciel que son esprit et son cœur se sont ouverts à l’idée de rencontrer et d’enseigner Corneille, centurion païen considéré impur par les Juifs.
« La théologie évangélique ou même pentecôtiste est-elle possible sans expérience, est-elle un pur exercice académique de comparaison et d’évaluation des diverses théologies ? Pouvons-nous comprendre la Trinité correctement sans avoir fait l’expérience transformatrice d’être aimé par le Dieu trinitaire et de l’aimer ? »
Thomas Schirrmacher a observé que « Le Rassemblement mondial du Forum chrétien mondial me donne l’occasion unique de démontrer ceci à partir de l’Écriture : si je fais l’expérience de la manière dont Dieu agit dans ce monde dans la vie d’autres personnes et d’autres Églises, si je fais ici l’expérience de relations mutuelles de plus en plus profondes, c’est que l’expérience est une bonne voie vers une saine théologie. »
« L’Écriture sainte est la révélation de Dieu et notre autorité suprême. Mais Dieu fait usage de l’expérience pour modeler notre théologie. En d’autres termes, si on est fermement attaché à l’autorité de l’Écriture, l’expérience de la manière dont Dieu agit à travers d’autres personnes et d’autres Églises est une bonne voie vers une saine théologie. »
« Que le Dieu trinitaire soit loué de nepas nous avoir seulement laissé un livre inspiré par le Saint-Esprit et révélé que Jésus est notre sauveur, mais d’avoir mis en nous le Saint-Esprit lui-même. Dieu soit loué pour les multiples manières par lesquelles il nous aide à mieux comprendre sa révélation, à la mettre en pratique dans notre vie, et à croître d’autant plus dans l’amour envers notre Père qui est aux cieux, envers notre sauveur Jésus-Christ et envers le Saint-Esprit. »
Vous pouvez lire l’intervention complète de Ruth Padilla ici
Vous pouvez lire l’intervention complète de Thomas Schirrmacher ici